(Transcription des sténogrammes après chaque passage sténographié)
Elle accepte de le suivre et semble même curieuse de le connaître. Elle lui pose des questions auxquelles François se réjouit de répondre, il a bien rattrapé l’affaire. Et puis voilà qu’elle lui demande « De quelle couleur est votre brosse à WC ? » Elle s’est arrêtée pour mieux le scruter, comme s’il allait répondre à une question cruciale. « Je n’utilise pas de brosse à WC, je trouve cet objet peu hygiénique. » « Comment, pas de brosse à WC !? Rien que d’y penser, j’angoisse. » François voudrait rire mais elle n’a pas l’air de plaisanter. Elle poursuit « Chez moi, j’ai trois brosses à WC. Je m’en sers non seulement pour mes toilettes mais aussi pour mon frigo, mon panier à linge, ma baignoire, mon caddy, mes bottes… Mon ex-mari n’arrêtait pas de me les cacher, il m’horripilait. Le jour où il a pris un rendez-vous chez un psy pour ce qu’il appelait ma manie de la brosse à WC, j’ai demandé le divorce. Je ne me remettrai jamais plus avec un homme qui n’aime pas les brosses à WC. Ce sont des merveilles avec leurs poils rêches, et vous savez, on peut en trouver avec des manches tout décorés… »
Lancée dans son registre des brosses à WC, elle n’en finit pas d’en faire l’éloge. Ne pouvant rire de cette logorrhée extravagante, il en a les jambes sciées. Monique, elle, continue à marcher sans lui, joignant à ses paroles des gestes de plus en plus saccadés. Brusquement à un croisement, elle éclate d’un grand rire et disparaît de la vue de François. Ouf ! se disent-ils alors tous deux. François peut enfin rire, il est soulagé d’avoir échappé à une folle. Monique, de son vrai prénom Sylvie, peut cesser sa comédie inepte et se féliciter d’avoir échappé à cet Éric, alias François, qu’elle ne se voyait pas mettre dans sa vie. L’un comme l’autre ne répondront pas de sitôt à une petite annonce de rencontre ! Fin