(Transcription des sténogrammes après chaque passage sténographié)
Mireille rouspète toute seule à la recherche d'un tournevis dans les affaires de sa voiture garée à proximité quand, en un éclair de temps, quelqu’un la bouscule, s'empare de son trousseau de clés, la pousse dans la voiture, claque la porte et en condamne l’ouverture d’un clic sur le bipper. Mireille est furieuse et sa fureur redouble quand elle distingue une bande d’ados occupés à remonter le rideau puis rouvrir la porte du magasin. Mais avant qu’ils n’entrent, la lumière bleue d’un gyrophare de voiture de police les éclairent. Ils détalent aussitôt, abandonnant les clés sur la serrure et disparaissent dans la nuit tombée. Un jeune policier descend de la voiture. Il s’approche de celle de Mireille, mais devient si lumineux, qu’éblouie, elle ferme les yeux. Quand elle les ouvre à nouveau, il n’y a plus ni policier, ni voiture de police. Le rideau du magasin est totalement descendu et tout près d’elle, le trousseau de clés cliquète, accroché au tableau de bord. Mireille ne peut qu’attribuer à la fatigue ces instants d’hallucinations. Rentrée chez elle, un lourd besoin de sommeil l’a fait s’effondrer sur le lit.
Le lendemain, elle a tout oublié. Mais trois jours plus tard, la voiture de police réapparaît en soirée. Elle intervient cette fois, alors qu'un individu masqué se dirige vers l’entrée de la boutique. Il s'enfuit dès que le gyrophare projette sa lumière bleue. Puis la voiture se volatilise. Mireille n’est plus dans le magasin, elle est rentrée chez elle. Seul un voisin qui fume à sa fenêtre est témoin de la scène. Le matin suivant, il guette le retour de Mireille et descend à sa rencontre. Elle n’apprécie guère cet homme dont elle sait qu’il se prénomme Bernard et qu’il traîne une réputation de coureur de jupons. Avec une sempiternelle cigarette à la bouche, il l’exaspère même, surtout quand de sa fenêtre il la regarde ouvrir et fermer le magasin. Ce matin, elle voudrait accélérer la remontée du rideau pour disparaître plus vite dans la boutique avant qu’il ne l’aborde. Mais elle ne peut lui échapper. « Quel bonheur de vous voir retrouver un magasin intact ! On peut dire que vous avez déployé de gros moyens pour le protéger. Hier soir, votre machine à hologrammes a encore permis d’éviter un cambriolage. Je suis curieux de voir comment elle fonctionne. »
Mireille
détourne son regard. Elle n'a pas envie de relever les inepties d'un dragueur
qui ne sait qu’inventer pour se rendre intéressant. Depuis que Denis est en
prison, elle sent bien que ce voisin cherche des prétextes pour se rapprocher
d’elle. La semaine dernière, il a accouru pour l’aider à réceptionner une
livraison. Le livreur s’était contenté de déposer les cartons de marchandises sur
le trottoir devant le magasin. Elle ne pouvait refuser de se faire aider, les
cartons étaient si lourds. Mais ensuite le galant homme s’est incrusté jusqu’au
soir. Elle n’a pas su lui faire entendre qu’elle avait besoin d’être seule pour
attentivement vérifier et ranger tout le matériel livré. Il est revenu le
lendemain avec des croissants en déclarant « Vous les méritez bien ma
pauvre dame. Dans quelle galère votre mari vous a embarquée ! Lui, ne
vous mérite pas du tout. » Mireille
n’a pas supporté ces réflexions, elle repoussé Bernard et ses croissants. Il en
a été vexé évidemment, mais en dragueur expérimenté, il n’a fait que sourire.
Ce n’était que partie remise pour lui.
Et voilà que pour passer encore du temps avec elle, il revient ce matin
avec cette idée idiote d’hologrammes.
Mireille se marmonne à elle-même « Il ne manque pas de toupet s'il attend que je lui fasse visiter tous les recoins de la boutique pour lui prouver qu'elle n'est équipée d'aucune machine à hologrammes ». Elle tourne le dos à Bernard tandis qu’elle manie nerveusement la clé dans la serrure. Il le prend comme une provocation et dès que la porte est suffisamment ouverte, il se rue sur Mireille. A cet instant elle n’est pour lui qu’une greluche de plus qui ne résistera pas longtemps à ses assauts. Mireille se débat, Bernard persiste. C’est alors qu’une bourrasque de vent s’engouffre par la porte et l’ouvre en grand. Une lumière bleue de gyrophare se met à clignoter sur les parois du magasin. Dans l’encadrement de la porte, la silhouette d’un homme habillé en policier se découpe. Ses yeux extrêmement lumineux se fixent sur Bernard qui, en peu de temps, tombe en hypnose. Mireille, très mal à l’aise d’avoir été surprise étroitement mêlée à lui, se cache le visage. Mais quand, entre ses doigts, elle aperçoit celui du policier, tailladé de cicatrices, elle s’évanouit. Elle a reconnu le jeune homme mort dans l’explosion de la caisse enregistreuse. Suite à l'épisode trois