(Transcription des sténogrammes après chaque passage sténographié)
Mireille
reprend ses esprits avec le mouchoir trempé d’eau fraîche que Bernard lui
tamponne précautionneusement au front. Furieuse de le revoir si près d'elle,
elle le houspille d’un « Fichez moi la paix, allez-vous en !» Bernard,
très déçu de ce mauvais accueil, jette le mouchoir au visage de Mireille et
quitte les lieux en lui assénant qu’elle n’est qu’une pimbêche mal lunée. Il
est alors presque neuf heures du matin, l’heure d’ouverture du magasin et elle
n’est pas prête du tout à recevoir les clients. Il le faut pourtant, certains
vont venir de loin pour chercher leurs commandes. C’est sa copine Delphine qui
lui fait la surprise de se présenter en premier. « Hello Mireille, ça
boume ce matin ? » Delphine est un tourbillon d’énergie et Mireille
l’apprécie pour sa bonne humeur communicative. Déjà, elle se sent mieux en la
saluant, mais Delphine s’aperçoit vite d’un malaise chez son amie. « T’as
une petite mine je trouve. Toute seule à gérer la boutique, avoue que c’est
minant. » « Oui, je suis
toujours à craindre les vandales, j’en suis même à halluciner que le jeune qui
s’est fait piéger par la caisse enregistreuse rôde par ici. Il y a aussi le
voisin pot de colle… »
Mireille
ne veut pas en dire plus pour ne pas revivre son cauchemar. Delphine hoche la
tête, les paroles de son amie confirment ce qu'elle a entendu une heure plus tôt
de sa tante qui habite le quartier. « Tu as des ennuis, n’est-ce pas et la
police est intervenue ce matin. Je t’avoue que je viens pour en savoir plus et te
soutenir. » « Comment sais-tu qu’un policier est entré dans la
boutique ? Qui l’a vu ? » « Ma tante. » Mireille n’aurait
donc pas rêvé. Elle se débat avec cette idée, elle accepte mal d'avoir réellement vécu son cauchemar. Delphine
insiste, elle voit son amie trop perturbée pour la laisser mariner dans ses
ennuis « Alors, que s’est-il passé pour que la police intervienne ? »
Mireille hésite, puis « Si je te disais que le policier, c’était le jeune
qui est mort dans l’explosion de la caisse enregistreuse, tu me
croirais ? » « Difficilement. Tu as peut-être confondu. Sous une
casquette de policier, une personne peut ressembler à une autre. » « Il ne portait pas de casquette, j’ai vu son visage tout tailladé par
l’explosion. » « Et ton voisin, celui que ma tante a vu sortir du
magasin, a-t-il lui aussi remarqué des taillades
sur le visage du policier? »
« Ne me parle pas de celui-là, il… il était venu m’embêtée. C’est finalement grâce à l’arrivée de ce fantôme habillé en policier que j’ai pu m’en débarrasser. » « Et après ? » « Je ne sais pas… Je me suis réveillée. C’était un cauchemar, enfin, je voudrais que ce soit un cauchemar. » Delphine est restée avec Mireille toute la journée pour l’aider à accueillir au mieux la clientèle. Le soir, tandis qu’elles s’apprêtaient à fermer le magasin, un dernier client s’est présenté. Dans la lumière clignotante d’un gyrophare bleu, elles ont vu apparaître le policier au visage tailladé. Il n'a prononcé qu’une seule phrase avant de disparaître « Je veille désormais sur la boutique pour racheter le mal que j’y ai causé. » Fin